La boxe thaïlandaise, le Muay thai, a de nombreuses similitudes avec deux autres types de boxe de pays voisins, la boxe birmane et la boxe cambodgienne.
À l’occasion des 32e Jeux du Sud-Est asiatique qui se dérouleront au Cambodge, le gouvernement cambodgien a lancé des provocations nationalistes en affirmant que la boxe thaïlandaise, le muay thai, ne serait qu’une variante du kun khmer, la boxe cambodgienne.
Une déclaration étonnante sachant que l’origine même du kun khmer est inconnue et que le Cambodge, comme la Thaïlande et le Myanmar, a été très influencé par la culture et les croyances indiennes.

Combat de kun khmer ou Pradal Serey, la boxe cambodgienne
Les trois arts martiaux du Myanmar, de la Thaïlande et du Cambodge incorporent des coups-de-poing, des coups de pied, de coudes, des genoux et des saisies.
La boxe birmane (Lethwei) qui est considérée comme l’un des arts martiaux les plus brutaux au monde, car il se pratique à mains nus, est appelée l’art des 9 membres, car elle utilise en plus des coups de tête.
Son origine est inconnue et les traces historiques les plus anciennes dates du 12e siècle.
La boxe thaïlandaise (Muay thai), quant à elle, est appelée l’art des 8 membres, son origine est inconnue, on trouve juste un récit d’un combat qui a eu lieu en 1411.
C’est la même chose pour le kun khmer ou Pradal Serey, on ne connait pas son origine, on sait juste qu’un style de boxe ressemblant existait au 9e siècle.

Combat de boxe birmane (Lethwei)
L’origine réelle de ses trois styles de boxe est donc inconnue, mais les techniques sont proches du Musti-yuddha un sport de combat originaire du sous-continent indien dont le nom en sanscrit signifie « combat au poing ».
Cet art martial incorpore comme les 3 autres boxes, des coups-de-poing, des coups de pied, de coudes, de genoux et des saisies.
Les premières références au musti-yuddha proviennent des épopées védiques classiques telles que le Ramayana et le Rig Veda.
Le Ramayana a été composé entre le IIIe siècle av. J.-C. et le IIIe siècle de notre ère.
L’essentiel du Rigveda Samhita a été composé dans la région nord-ouest du sous-continent indien très probablement entre 1500 et 1000 avant notre ère.
Le Mahabharata, qui a probablement été compilé entre le 3e siècle avant notre ère et le 3e siècle de notre ère, décrit deux combattants boxant les poings fermés et se battant avec des coups de pied, de poings, de genoux et des coups de tête, comme dans la boxe birmane.
Au début de chaque match de boxe cambodgienne, les boxeurs pratiquent les rituels de prière hindouiste connus sous le nom de kun kru.
Il existe différentes variantes du rituel, mais la plupart sont basés sur les personnages principaux de l’histoire du Reamker, la version cambodgienne du Ramayana…
Les Thaïlandais aussi ont écrit leur version du Ramayana, le Ramakien.
On peut donc s’imaginer que l’origine de ses trois boxes vient du sous-continent indien.
Les arts martiaux de ses trois pays se sont développés au rythme des guerres et des invasions et ont pu aussi s’inspirer, avec les échanges culturels, des arts martiaux chinois comme le Kung Fu.
On sait qu’il y a plusieurs écoles de muay thai qui enseignent des techniques différentes selon les régions.
Il doit en être de même dans les autres pays, de nouvelles techniques sont trouvées et l’art évolue selon les régions et les personnes qui le pratique.
Il est donc impossible pour un dirigeant d’affirmer que l’un de ses arts martiaux est originaire de son pays.

Les danseuses Apsaras, nymphes célestes
Les nationalistes de ses trois pays, plutôt que de chercher des noises à leurs voisins devraient plutôt reconnaitre l’apport du sous-continent indien, au niveau de l’art, de l’écriture, de la musique, de l’architecture, des légendes, des danses…
Il y a eu de même des tensions entre la Thaïlande et le Cambodge à propos d’un temple en construction en Thaïlande et qui serait inspiré du temple d’Angkor Wat.
En juillet 2021, de nombreux nationalistes cambodgiens ont exprimé leurs colères sur les réseaux sociaux à propos de ce temple et le ministre cambodgien de la culture et des beaux-arts a même fait un voyage en Thaïlande pour vérifier les faits.

Construction du temple Wat Puthbat Seila Phu Man Fah dans la province de Buri Ram
Finalement, il a été confirmé que le temple construit en Thaïlande n’était pas une réplique d’Angkok Wat et les tensions sont retombées.
Mais est-ce que les Cambodgiens ont le droit de s’offusquer qu’un autre pays s’inspire d’un temple khmer lui-même inspiré des temples hindouistes de l’Inde et dédié au dieu indien Vishnu ?
Voir aussi en ce qui concerne l’héritage indien :
En Thaïlande, il y a une couleur pour chaque jour de la semaine