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Le Bouddhisme Theravada en Thaïlande, la religion principale du pays

par Pierre To
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Le Bouddhisme Theravada en Thaïlande, la religion principale du pays

Le bouddhisme Theravada est la forme de bouddhisme dominante en Thaïlande, il est l’héritier de la doctrine originelle du Bouddha Shākyamouni.

Cette forme de bouddhisme aussi appelée la « doctrine des Anciens » s’appuie sur un canon rédigé en pāli nommé Triple corbeille ou Tipitaka.

Il comprend de nombreux textes basés sur les paroles du Bouddha, recueillies par ses contemporains et retranscrites quelques siècles plus tard.

Polémique autour des différentes formes de bouddhisme

Il y a deux grands courant dans le Bouddhisme, l’un qui s’inspire de l’enseignement originel du Bouddha, le theravada et l’autre qui a pris un chemin différent, le mahāyāna.

Le bouddhisme mahāyāna a redéfini le bouddhisme d’origine, dont le theravāda actuel est l’héritier, comme hīnayāna, «  »petit véhicule », terme un peu condescendant qui veut mettre en évidence le fait que le pratiquant s’attache à se libérer lui-même.

Donc le bouddhisme tel qu’il était enseigné par Bouddha et qui vise à se libérer soi-même est qualifié de « petit véhicule » et ils appellent leur nouvelle forme de bouddhisme, qui s’attache à libérer tous les êtres (même ceux qui ne le veulent pas) le « grand véhicule »…

Un jour, j’avais expliqué à des amis thaïlandais que j’étudiais le bouddhisme, mais que je ne pratiquais pas comme eux, que je ne connaissais pas les coutumes spécifiques pratiquées dans le pays et ils ont pensé à tort que je suivais le courant mahayana et m’ont faits par de cette polémique.

Histoire du Bouddhisme Theravada

Moines bouddhistes Thailande

Moines bouddhistes en Thailande. Photo : Hergeux.

Le terme sthaviravāda (Enseignement des Anciens) apparaît tôt dans l’histoire du bouddhisme.

Il désigne un ensemble de moines opposés aux réformes proposées par un autre groupe de pratiquants nommé mahasanghika, « grande assemblée », probablement en raison du nombre élevé de ses membres ou peut être pour se démarquer par rapport au bouddhisme originel.

Il est difficile néanmoins de déterminer la date exacte à laquelle ils s’opposèrent, car selon les sources, il peut s’agir du premier, deuxième ou troisième concile bouddhique, soit de quelques mois à trois cents ans après la mort du Bouddha.

D’autre part, les sthaviravādin mentionnés dans l’histoire des conciles bouddhiques ne sont pas forcément les ancêtres directs du Bouddhisme Theravada actuels, même s’ils partagent une appellation similaire et ont en commun l’attachement aux enseignements des origines.

De même, les dates données pour la rédaction du canon pali varient selon les traditions, les périodes proposées s’étendant du premier concile au premier siècle av. J.-C.

Cette dernière hypothèse est en général retenue par les historiens modernes pour les premiers textes du Sutta Pitaka et du Vinaya Pitaka, l’Abhidhamma Pitaka étant sans doute plus tardif.

Ce qui semble certain, c’est que l’empereur Ashoka (273-232 av. J.-C.) contribua grandement à la diffusion du bouddhisme en général et du Theravada en particulier, puisque l’histoire de cette tradition commence avec l’implantation de la doctrine au Sri Lanka pendant et juste après son règne.

Voir : Ashoka, le grand empereur bouddhiste.

Apparu vers le début de notre ère, le mahâyâna (grand véhicule) se répandit lui aussi largement en Asie du Sud, mais s’effaça progressivement entre les VIIe et XIVe siècles suivant l’expansion de l’islam et la « reconquête » du monde indien par l’hindouisme.

À partir du XIe siècle, le Sri Lanka, terre du bouddhisme theravada, devint la source principale de l’influence bouddhiste en Asie du Sud.

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Les Môns, installés principalement en Birmanie et dont l’archéologie révèle la présence ancienne dans certaines parties de Thaïlande et du Laos, ont aussi pu jouer un rôle dans sa transmission, car on sait qu’ils l’adoptèrent longtemps avant les autres, bien que la date exacte soit incertaine.

Converti par le moine môn Shin Arahan, l’empereur birman Anawrahta (1044–1077) introduisit officiellement le bouddhisme des anciens dans son pays, et de nombreux temples furent construits à Pagan entre le XIe et le XIIIe siècle.

Le Bouddhisme Theravada fut également introduit vers 1260 dans le royaume Thaï de Sukhothaï et vit son influence grandir durant la période d’Ayutthaya (XIVe-XVIIIe siècle).

La doctrine des anciens continua sa progression vers le Laos et le Cambodge au XIIIe siècle.

Plus récemment, on constate depuis le milieu du XXe siècle une résurgence du bouddhisme, dans laquelle le theravada occupe une place importante, chez les Malais et Indonésiens d’origine chinoise.

Philosophie du Bouddhisme Theravada

La doctrine du theravada explique comment accéder soi-même à la délivrance en devenant :

  • un arahant (personne délivrée parce qu’elle a suivi la voie enseignée par le Bouddha sans bénéficier de l’omniscience),
  • un bodhisattva (personne qui cherche à devenir un bouddha pour enseigner en pratiquant les vertus dites pāramita) ou
  • un sambuddha (« bouddha parfait », personne qui, possédant une compréhension parfaite des enseignements du Bouddha, accède à l’éveil et peut enseigner).

Elle rejette catégoriquement l’idée d’un dieu créateur et tout puissant, ainsi que l’idée d’un salut obtenu par la seule dévotion et le culte des reliques.

En effet d’après le canon pāli, le Bouddha aurait dit :

« On est son propre refuge, qui d’autre pourrait être le refuge » (Dhammapada, XII, 4).

Cela signifie qu’on ne peut attendre de personne l’obtention de l’illumination, il faut chercher en soi-même la vérité et pour atteindre ce but suivre le Noble Chemin Octuple.

Voir aussi : Le bouddhisme et la politique

Vies du laïc et du moine dans le Bouddhisme Theravada

Moines bouddhistes dans une rizièrePour la doctrine des anciens, le meilleur moyen d’accéder au salut est d’adopter le mode de vie monastique, mais il demeure toutefois accessible à tous.

Elle s’adresse donc principalement aux hommes et aux femmes qui renoncent à la vie laïque, elle ne divinise pas le Bouddha et ne croit pas en l’intercession au moyen de bodhisattva sauveurs.

Néanmoins, dans les formes populaires du Bouddhisme Theravada, au Sri Lanka comme au Cambodge, le Bouddha est l’objet d’une vénération proche de celle d’un dieu, il y a donc une distinction entre le culte populaire et les spéculations monastiques.

Les tenants du Mahâyâna qualifient parfois – à tort – d’égoïste la pratique du Theravada.

Cette opinion s’appuie sur des considérations sotériologiques : alors que le but du pratiquant Mahâyâna, moine ou laïc, est de devenir bodhisattva pour sauver tous les êtres, le pratiquant Theravada se concentre sur son propre salut, abandonnant les efforts en direction du salut universel à Maitreya, le prochain bouddha.

Cependant, le Bouddhisme Theravada prône l’amour universel envers toutes les créatures.

De plus, ses pratiquants estiment que devenir bodhisattva n’est possible qu’à de très rares personnes, il est donc plus efficace de viser la libération individuelle pour être en mesure d’aider les autres à en faire autant.

Enfin, il est absurde de qualifier d’égoïste l’arahant, puisque celui-ci n’a plus d’ego.

La méditation dans le Bouddhisme Theravada

Moine bouddhiste méditation

Moine en méditation.

La méditation theravâdine inclut deux pratiques : samatha bhavana et vipassana bhavana.

Samatha

Le développement de la tranquillité, mène à l’atteinte des jhanas, de profonds niveaux de concentration.

Elle vise également le développement de la bienveillance, de la compassion, du détachement.

Ainsi, Metta est le développement d’un sentiment d’amour détaché envers chaque être.

Anapanasati est la concentration basée sur la respiration.

Anapanasati est cependant parfois employée en vue de la pratique de vipassana.

Vipassana bhavana

La pratique formelle d’une introspection, est parfois décrite selon un ensemble de 18 contemplations, comme la contemplation de l’impermanence.

Elle mène à la réalisation de l’état d’arahant.

Ces deux types de méditation sont considérés comme complémentaires : la tranquillité mentale donne la plus grande efficacité à la contemplation, et la contemplation permet d’éliminer les obstacles à la tranquillité mentale.

Voir aussi : Apprendre à méditer : cours complet de méditation

Réalisation dans le Bouddhisme Theravada

Selon le Theravada, le pratiquant peut atteindre quatre niveaux de réalisation spirituelle :

Le sotapanna

C’est le premier des êtres nobles, ne renaîtra plus dans les mondes inférieurs, et renaîtra au maximum six fois dans le monde des hommes (ce qui représente donc sept vies au maximum).

Le sakadagami

Il renaîtra tout au plus une seule fois dans le monde des hommes.

L’anagami

Il ne renaîtra plus que comme deva, et atteindra alors le nibbâna.

L’arahanta

Ayant atteint le but, il s’est définitivement libéré du cycle des renaissances.

Fêtes et pratiques dans le Bouddhisme Theravada

Moines bouddhistes Songkran

Les bouddhistes font acte de respect envers les moines en leurs versants un peu d’eau parfumée sur les mains lors du Songkran. Photo : aleenta.com

Asahna Bucha

Commémoration du premier sermon du Bouddha, elle a lieu lors de la pleine lune du huitième mois lunaire.

Voir : Asahna Bucha : fête bouddhiste et jour férié

Vesak ou Visakha Busha

Commémoration de la naissance, de l’éveil et de la mort du Bouddha.

Voir : Visakha Bucha, fête bouddhiste

Uposatha

Réaffirmation régulière de la dévotion au dharma et récitation des règles monastiques.

Vassa ou Khao Phansa

Retraite annuelle de la saison de la pluie.

Voir : Khao Phansa : Le Carême bouddhiste de Thaïlande

Kathina

Offrande annuelle de tissu par les laïcs et confection de nouvelles robes par les moines.

Ordination temporaire

L’ordination est souvent pratiquée selon une philosophie différente de l’ordination religieuse occidentale.

Elle peut être temporaire ; un homme peut devenir moine plusieurs fois dans sa vie ou la recevoir sans compter, demeurer un bhikkhu sa vie durant.

C’est même une pratique socialement valorisée : les hommes accomplissent leur devoir en devenant moines pendant un temps, avant de revenir à la vie laïque, justement pour se marier.

Ordres theravâdins

Différents ordres, appelés nikayas, sont développés – ils ne correspondent cependant pas à des conceptions différentes. Le titre de Patriarche suprême de la Sangha, le plus élevé qui soit, peut être attribué à un moine de tout pays, et de chacun des nikayas qui suivent :

Sri Lanka : Siam Nikaya, Amarupa Nikaya et Ramana Nikaya ;

Thaïlande : Thammayut Nikaya et Maha Nikaya ;

Birmanie : Thudamma Nikaya et Shwekyin Nikaya ;

Cambodge : Dhammayutitka Nikaya

Bibliographie

Un livre conseillé pour en savoir plus

Aujourd’hui, il y a de nombreux courants dans le bouddhisme et différents enseignements qui s’éloignent parfois beaucoup de l’enseignement originel.

Si vous voulez en savoir plus sur le véritable enseignement de Bouddha je vous conseil de lire ce livre, l’essentiel y est et les plus courageux ou les plus sages peuvent certainement atteindre l’illumination avec :

« L’enseignement du Bouddha d’après les textes les plus anciens » de Walpola Rahula

« Le réL'enseignement du Bouddha d'après les textes les plus anciensvérend Rahula a reçu selon toutes les règles la formation traditionnelle d’un moine bouddhiste à Ceylan.

[…] Le livre qu’il a bien voulu me demander de présenter au public occidental est un exposé, lumineux et accessible à tous, des principes fondamentaux de la doctrine bouddhique, tels qu’on les trouve dans les textes les plus anciens, ceux qu’on appelle en sanscrit « la Tradition » (Agama) et en pali « le Corpus canonique » (Nikdya), et auxquels le révérend Rahula, qui en possède une connaissance incomparable, se réfère constamment et à peu près exclusivement.  »

Paul Demiéville

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Encyclopædia Universalis / Dictionnaire du bouddhisme (recueil d’articles de l’Encyclopædia Universalis) – « Theravâda » de Jean Varenne. Voir sur Amazon


Bouddhisme et re-naissances dans la tradition Theravāda – Didier Treutenaere, Asia, Librairie d’Amérique et ‘ient-Adrien Maisonneuve, Paris, mai 2009, (ISBN:9782953405606). À travers la question centrale des renaissances, un ouvrage de référence sur le bouddhisme des Therā : 600 pages, 1000 citations retraduites du canon pāli, un glossaire et une bibliographie commentée. Voir sur Amazon

Photos : Moines bouddhistes théravāda : Allie Caulfield ; Temple Bouddhiste : Pierreto ; Source : wikipedia.org

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